来源:人气:877更新:2022-11-12 19:01:03
Vincent Malausa发表于《电影手册》2022年11月刊80s电影
《杰克·凯尤奇事》通过一种令人侧目而非为人重视的方式为有点愚蠢的作者传统与法国电影界中类型电影之间的冲突提供了一种解决方案。卢卡斯·德拉伦格尔(Lucas Delangle)的第一部长片基于自然主义的方法拍摄了一位年轻男人杰克(Thomas Parigi饰)和他的祖母的日常生活,以及阿尔卑斯山谷中一个与世隔绝小村庄中的没有正式资格的女行医者、磁疗师Gisèle(Edwige Blondiau饰),这种自然主义的方法使影片的第一部分看起来像是耐人寻味的新现实主义的对象。从亲密的家庭关系的场景到(其他乡村医生的)土法接骨仪式,影片在既熟悉又陌生的农民的现实的夹缝中徘徊。在热情的恶意与好奇的距离之间,在接近对象与记录的陌生化的微妙矛盾之间,德拉伦格尔拍摄他的人物,迅速展现出常态与神秘之间、日常性与纯粹不协调之间的模糊边界。
影片通过从一个散文诗般的现实到另一个更微妙更无法捉摸的现实的跳跃、谨慎的中断、不可见的跳转,将这些渐变效果作为叙事的原则(小插曲,在年轻英雄的房间里,他在传统歌声与神秘祈祷之间实验磁性声音)。墓地的场景,预示着Gisèle在几组镜头后的突然死亡,是使影片走向一种更奇异开放维度的第一种方式。然后,一个完全不同的故事开始:我们看到杰克·凯尤,现在他是孤独的孤儿,钟情于一个“病人”Elsa,坚持治疗蔓延在这个怯生女孩后背白色皮肤上的黑色肿瘤般的奇怪斑点。Elsa无瑕苍白的面庞,她在年轻巫师学徒的家和森林(那里每天晚上有凶残的狼在那里游荡并吞食野兽)之间的往返,成为影片所围绕而展开的最大谜团。
没有预兆地,但也从来没有强迫转向黑暗的细致效果,影片披上了充满沉重的抒情与焦虑力量的恐怖情节剧的外衣,如果说这种不安的力量在大部分时间是被压制的(给予这个由Thomas Parigi完美扮演的角色拥有所有坚持与神秘的力量),于是这种力量在晦涩又富有亮点的诗意场景爆发出来——年轻的野孩子变成半女半狼、森林中的吻与幽灵、杰克的房子变成抵抗村民跟踪她的堡垒等。如果这部电影不再隐藏其狼性寓言的维度,那么它通过高傲地保持依附于其现实主义原则的方式(并非将类型强加于电影,这里也没有神圣不可侵犯的转换镜头)来震撼观众,特别是在通过隔在现实世界与纯粹梦幻的、以一种讽刺的普鲁斯特式的囚禁方式关押着狼的洞穴/卧室之间的门的对抗中,以上特性得以淋漓尽致地显现。
如果说这部电影把自己置于印象主义与现实主义之间,那是因为这部电影的奇妙论点是围绕与世界关系的问题,而非与电影关系或与图像关系的问题。直到最终的“奇迹”,影片回应了纯粹的信仰制度,在这个制度中,天赋(don)的问题(自我的天赋和代代传承的魔力天赋)值得作为存在主义的——甚至是自我牺牲的——原则,而不是作为所指的转变。《杰克·凯尤奇事》不仅仅是“法国幻想”的无数次尝试,它首先是对一种激情的赤裸的、令人生畏的记录以及一个启蒙的故事:这种启蒙超越了所有的偶然性(美学,叙事或类型),引向一种在《杰克·凯尤奇事》简单的、低调来自神示的生活中的对疯狂爱情的揭示。
Publié le 2 novembre 2022 par Vincent Malausa
Au conflit qui oppose un peu bêtement tradition auteuriste et cinéma de genre dans le petit monde de la production française, Jacky Caillou apporte une solution en forme de saisissant pas de côté. Suivant le quotidien d'un jeune homme, Jacky (Thomas Parigi), et de sa grand-mère, Gisèle (Edwige Blondiau), guérisseuse et magnétiseuse dans un petit village isolé d'une vallée des Alpes, le premier long métrage de Lucas Delangle s'inscrit dans un naturalisme de terroir qui donne à sa première partie des airs d'intrigant objet néoréaliste. De scènes d'intimité familiale en scènes d'initiation aux rituels des rebouteux - ces autres médecins de campagne -, le film louvoie dans les interstices d'une réalité paysanne à la fois familière et méconnue. Pris dans un écart de chaleureuse malice et de distance curieuse, Delangle filme ses personnages en un paradoxe subtil de proximité et d'étrangeté documentaire qui rend rapidement illisibles les frontières entre normalité et mystère, quotidienneté et pure incongruité.
Ces effets de glissement, Jacky Caillou en fait le principe d'un récit progressant par petits bonds, discrètes ruptures, invisibles sautillements d'une réalité prosaïque à une autre, à la fois plus ténue et plus intangible (les intermèdes où, dans sa chambre, le jeune héros expérimente des sons magnétiques en un croisement de chants traditionnels et de prières mystiques). La scène au cimetière, qui préfigure la mort soudaine de Gisèle quelques séquences plus tard, est une première manière d'amorcer le mouvement du film vers une dimension plus ouvertement fantastique. Débute alors un tout autre récit : celui qui voit Jacky Caillou, désormais seul et orphelin, s'éprendre d'une « patiente », Elsa, et s'obstiner à soigner l'étrange tache qui s'étend, telle une tumeur noire, sur la peau blanche du dos de la farouche jeune femme. La pâleur immaculée du visage d'Elsa, ses allers-retours entre la maison du jeune apprenti sorcier et la forêt qui l'environne (où rôde un loup dévorant des bêtes chaque nuit), deviennent le grand mystère autour duquel s'enroule tout le film.
Sans crier gare, mais sans jamais forcer ses minutieux effets de dévalement vers les ténèbres, Jacky Caillou prend alors les atours d'un mélodrame d'épouvante plein d'un lyrisme sourd et d'une puissance d'inquiétude qui, si elle demeure le plus souvent rentrée (donnant au personnage admirablement interprété par Thomas Parigi toute sa force d'entêtement et de mystère), explose lors de scènes d'un obscur éclat poétique - la jeune sauvageonne devenue mi-femme mi-louve, le baiser et les apparitions dans la forêt, la maison de Jacky transformée en forteresse face aux habitants du village traquant la créature, etc. Et si le film ne cache plus sa dimension de fable lycanthrope, c'est par sa manière de rester fièrement attelé à son principe de réalisme (pas de figure imposée du genre ni de sacro-sainte séquence de transformation ici) qu'il frappe, le temps notamment d'un affrontement par porte interposée opposant au monde réel celui, purement onirique, de la cave/chambre où la louve est tenue captive, à la manière d'une ironique prisonnière proustienne.
S'il se maintient entre impressionnisme et naturalisme, c'est que Jacky Caillou fait de son argument fantastique une affaire de rapport au monde bien plus que de rapport au cinéma et aux images. Jusqu'à son « miracle » final, le film répond à un régime de croyance pure où la question du don (don de soi et don de sortilège transmis de génération en génération) vaut comme principe existentiel - et même sacrificiel - plutôt que comme décalque référentiel. Bien plus qu'une énième tentative de « fantastique à la française », Jacky Caillou est d'abord la chronique nue et redoutable d'une passion et le récit d'une initiation : celle menant, par-delà toute contingence (esthétique, narrative ou de genre), à la révélation d'un amour fou dans la vie simple et discrètement oraculaire de Jacky Caillou.
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